mardi 27 mars 2012

Je sais...ce blogue s'éparpille assez déjà, mais j'y pense aussi à cette grève.



Rouge
d'avenir
mon ventre
        saigne
les funicules
de l'existoire

des milliers
de fanaux
rougissent
l'air
        brûlant
se pollinise
se poétise
se politise

les cerveaux
imbibent
les rues
        fissurent
le sol
     tremble

s'y logent
nos chairs
        écarlates
forment
la masse
        mouvante
où coagule
notre force
        manifeste
à tue-tête

je marche
sous ton ciel
impénétrable
        opaque
du murmure
qui claque
la langue

l'haleine
s'écrit
        et crie

l'homme
est l'avenir
de l'homme

Geneviève Gosselin-G.

samedi 24 mars 2012

Je pensais à l’excellent site poème sale ( merci à mon ami Charles Singher) : http://poemesale.com/

Le Vietnam, c’est une poésie sale où ‘‘le beau embrasse le terrible”. C’est le paysage à couper le souffle de la Baie d’Along jonché de déchets. C’est l’eau limpide d’un vert impossible détrampée de plastique. C’est aussi voir une femme descendre ses culottes dans la rue pour se soulager sans se soucier des spectateurs.

Le Vietnam, c’est de nombreux infirmes et blessés portant le poids de la guerre, et d’autres qui continuent à se déformer par l’agent orange américain. Grouille des résistants qui vivent dans l’ici et dans le maintenant. C’est un peuple d’assassinés qui acueille le tueur en souriant. L’argent ne court pas les rues et n’a toujours pas remplacé Bouddha.

Le Vietnam, c’est un pays indépendant depuis 1945, et croyez-le ou non, il s’est presque décolonisé. C’est un Québec d’il y a 50 ans explosé de cellulaires et de télévisions. C’est l’air saturé de gaz à moteur et l’air infini des montagnes.

Ça sort de la norme, c’est unique, ça fait son chemin, son propre chemin, c’est une poésie des contrastes, et croyez-moi, elle est sale, brute et se pavane.
Voyager, c’est aller au devant de peurs infondées. C’est se battre contre l’ignorance pour avancer du côté de l’ouverture d’esprit. La peur est aussi habitée du désir. Désir d’aller vers l’autre, de vivre l’expérience qui transforme. Et ça fonctionne…on réalise que nos peurs sont des épouvantes d’enfants, mais encore, on vit de nouvelles peurs, bien vivantes cette fois-ci.

On s’est rendues sur l’île aux singes (habitée par des singes). On a eu toute une frousse lorsque les singes se sont mis à poursuivre les gens et à aggriper leurs chevilles, en faisant comme s’ils allaient les mordre. Ça n’a pas pris grand temps avant que Laurence et moi on décampe. Un vieux singe nous poursuivait en nous montrant les dents. Je l’avoue, j’ai eu peur de ces foutus singes.

Puis après vint le désir. Désir de me réapprocher de ces foutus singes pour les voir interagir. Je me suis assise pas trop loin, en demeurant très discrète, et les singes m’ont laissée tranquille. Un des singes a volé la bière d’un touriste pour la caller d'un coup. Jamais je n’aurais cru voir ça.

La morale, c’est que lorsque des Vietnamiens te spécifient ‘‘those monkeys are crazy’’, c’est qu’ils le sont. Habituellement, ils ne s’en font pas pour grand chose. On venait d’escalader un pic rocheux, Laurence croyait trouver la mort là, et les Vietnamiens ne nous avaient même pas précisé de ne pas rester en sandales. La position de Laurence pour descendre était similaire à celle d'une araignée, son centre de gravité ne pouvait être plus bas. Ce n’était pas pour les ‘‘vertigineux’’. Glissant et très escarpé, il fallait grimper dans des échelles à 90 degrés. On s’aggripait comme des singes, les normes de sécurité ne sont pas les mêmes, mais maudit que c’était excitant.

J’ai fini par escalader une tour au sommet du pic, à quelque 300 mètres d’altitude. La passerelle était trouée de partout, c’était chambranlant, mais le désir de voir cette vue écrasait tout le reste. Le désir a donc vaincu la peur, et ça en valait la peine. Vue inoubliable.
Visiter des grottes mythiques de 5 millions d’années, ça remet sa place dans l’Univers en perspective. J’ai rarement vu de sites naturels aussi grandioses. Je ne pouvais brandir ma caméra comme une fidèle touriste, puisque nos activités dans la Baie d’Along étaient trop nautiques. J’étais bien contente de ne pas l’avoir, parce jamais je n’aurais eu un angle assez grand pour capturer tout ça. La lumière entrait par des puits naturels, et le niveau d’obscurité de la grotte aurait exigé une ouverture pas possible. J’étais mieux de regarder, tout simplement, de me fier à l’appareil le plus sophistiqué: l’oeil. J’y replongerai dans une fantasmagorie déformée. Amazing cave.

vendredi 16 mars 2012

Il est 18h. On attend l’autobus avec des Vietnamiens et des touristes pour quitter vers Hoî An. Environ 12 heures de route ( de Na Thrang).

3 heures plus tard, l’autobus finit par partir. Les conducteurs font passer toutes personnes bridées avant nous. Résultat: Laurence et moi se retrouvons complètement en arrière, dans des lits pour 3 personnes. À côté de moi, un très grand Danois ( pas un chien). On a 25 cm en haut de notre tête, et on ne voit absolument pas la route devant, parce que l’allée est encombrée de sacs de voyage.

Ah oui, les bagages sont dans l’autobus parce qu’ils utilisent tous les compartiments en dessous pour transporter des anguilles, des crapauds, et autres bestioles. De plus, la ventilation qui nous entoure est brisée, on étouffe.

C’est assez pour appeler sa mère en pleurant. Je me décapsule alors 2 gravols pour ne pas vomir sur mes compagnons. La route est relativement sinueuse, et le manque d’air n’aide pas. De plus, comme vous le savez, les gravols permettent de dormir dans des situations extêmes de ce genre.

Je finis par m’endormir en me collant un peu sur Laurence. Le Danois ambitionne de mon bord ( mais il est si grand, je lui pardonne).

Pendant la nuit, l’autobus a de la difficulté à avancer…problème de transmission? On ne le saura jamais puisqu’il n’est pas coûtume de nous expliquer la situation. Plusieurs arrêts s’en suivront. Laurence et moi, on ne trippe pas, surtout en constatant qu’il n’y a aucune sortie de secours. Ce que l'autobus fait est vraiment étrange, on ne se sent pas en totale sécurité.

On se réveille, on attend, on se rendort. Le lendemain matin (s'il y avait un lendemain), 6 h am. On arrête sur le bord de la route ( qui est à peu près nulle part je vous dirais). Pendant 6 h, nos amis les chauffeurs mangent, réparent l’autobus avec des bouts de bois et des cossins louches. Un couple de Hollandais s’apprêtent à peter leur coche. Je vois Laurence dans un hamac, en presque méditation. Je respire un brin. On finit par rembarquer dans l’autobus. On arrive à Hoî An vers 17h…un beau transport de presque 24h, ça vous donne le goût?

Ne vous inquiétez pas pour les bestioles, elles ont été arrosées minutieusement et ont survécues au voyage. On a même fait un détour pour les livrer.

Heureusement, à chaque fois que j’y repense, je meurs de rire. Quoi faire devant une histoire aussi ridicule?

Les Vietnamiens sont contrastés ( ou tout simplement les compagnies d'autobus). Quelques jours plus tard, on prendra un transport de nuit vers Hanoi qui se déroulera à merveille (propeté, presque confort, gentillesse des employés, bagages en dessous, pas de crapauds, etc.). Comme quoi, il n’y a rien à comprendre.

mardi 13 mars 2012

When Heaven And Earth Changed Places

Je cherchais à lire un ouvrage vietnamien. Voilà que ce livre me fut conseillé par les gens d'ici. L'auteure est vietnamienne.

Est-ce cette libraire voulait seulement me vendre quelque chose? Je ne connais absolument rien de leur littérature, mais la guerre s'illustre ici comme une mémoire sanglante mais essentielle. Vous pourrez juger. Je suis un peu sceptique, mais je veux lire du local. Difficile de trouver des librairies...

Voici un extrait:

-Of course, the Viet Cong cadremen, like the Republicans, had no desire (or ability, most of them) to paint a fairer picture. For them, there could be no larger reason for Americans fighting the war that imperialist aggression. Because we peasants knew nothing about the United States, we could not stop to think about how absurd it would be for so large and wealthy nation to covet our poor little country for its rice fields, swamps, and pagodas. Because our only exposure to politics had been through the French colonial government and before that, the rule of Vietnamese kings), we had no concept of democracy. For us, ‘‘Western culture’’ meant bars, black markets, and xa hoi van minh-bewildering machines-most of them destructive. We couldn’t imagine that life in the capitalist world was anything other than a frantic, alien terror. Because as peasants, we defined politics as something other people did someplace else, it had no relevance to our daily lives- except as a source of endless trouble. As a consequence, we overlooked the power that lay in our hands: our power to achieve virtually anything we wanted if only we act together. The Viet Cong and the North, on the other hand, always recognized and respected this strength.

We children also knew that our ancestral spirits demanded we resist the outsiders. Our parents told us of the misery they had suffered from the invading Japanese (‘‘small death’’, our neighbours called them) in World War II, and from the French, who returned in 1946.


Now, the souls of all those people who had been mercilessly killed had come back to haunt Ky La- demanding revenge against the invaders. This we children believed with all our hearts. After all, we had been taught from birth that ghosts were simply people we could not see.

Phung Thi Le Ly Hayslip
Octobre 1988

lundi 12 mars 2012

Je demande à une Vietnamienne si elle à déjà visité Hoî An, la prochaine ville qui figurait à notre itinéraire. La réponse est négative.

Alors que l’on parcourt le Vietnam du sud au nord, plusieurs locaux n’ont jamais foulé la ville voisine. Comment expliquer notre statut touristique?

Justement, pas le temps pour eux de faire les touristes alors qu’ils s’occupent à renaître, après une trentaine d‘années de guerres ( guerre d‘Indochine contre les Français, guerre du Vietnam contre les Américains).

Bien entendu, plusieurs d’entre eux vivent aussi très bien, mais la majorité n’ont pas le privilège de voyager.

Je me sens alors un peu coupable. En tant que pauvre étudiante québécoise qui s'indigne contre la hausse des frais de scolarité, je suis ici une riche Vietnamienne bourgeoise. Pas d'inquiétudes, je suis quand même et toujours contre la hausse, je ne me considère pas comme une enfant gâtée par le gouvernement actuel. Faisons la part des choses.

De Hoî An
Alors que chez nous, on cherche le ‘‘petit-teint-bronzé-santé’’, les femmes d’ici couvrent minutieusement les moindres parcelles de leur peau pour conserver une blancheur qu’elles n’ont pas naturellement. Les masques et les gants foisonnent, moi qui pensais qu’ils servaient de protection contre la pollution ou la saleté.

Elles envient mon teint blême…et je trouve ridicule qu’elles s’enduisent de crèmes blanchissantes. Est-ce le fameux désir d’acquérir ce que l’on ne possède pas?

Ça révèle davantage d’un aveu honteux de sa classe sociale. Celle qui travaille au champ révèle son statut…trahison solaire. Les classes aisées ont le loisir de rester à l’ombre.

Cette obsession est absente chez les homme. Envie esthétique exclusivement féminine, ou influence du riche occident tentateur?

De Hoî An.

mardi 6 mars 2012

Trois jeunes enfants entrent dans l’autobus avec leur mère. Des inconnus les aggripent pour qu’ils ne restent pas debout. Les enfants ne sont ni inquiets, ni surpris. L’autobus est bondé, il fait 40 degrés.

C’est ça la famille au Vietnam. Elle s’étend dans tout le pays. Dans ce même autobus, des clips musicaux assez étranges mettent en scène des grands parents avec leurs enfants. Par la fenêtre, je regarde une moto supportant 5 personnes; le père, la mère, un bébé et deux jeunes enfants.

Une petite fille se fait taquiner par des adultes parce qu’elle a un vélo ''pimpé'' qu’elle surveille de près. Plus tard, une femme nous offre des fruits qu‘elle vient d‘acheter. On lui en offre des nôtres. On ‘‘s’immersionne’’.


De Da Lat, au nord de Saigon

vendredi 2 mars 2012

Je suis maintenant en bonne compagnie,  LauLau est parmi nous...après avoir vécu l'Inde, elle ne semble pas surprise par la vitalité de Saigon.

 

Pour moi, la circulation chaotique est synonyme d'ordre dans la ville. C'est drôle à dire, mais le chaos est parfois prospère...aucun bouchon de circulation ne se forme, on roule constamment ici.