Ça se résume en un besoin de communication de leur part, nous voir, nous demander d’où l’on vient, où l’on va. Leur sens de l’humour est en constante dilatation. Ça se voit et ça se sent, ils aiment avoir du plaisir, ils s’apprécient et peut-être même qu’ils nous apprécient. Ce qui frappe aussi, c ’est leur transport. On a pris un pick-up pour se rendre dans une ville voisine avec des locaux. Le pick-up aménagé a 20 places...oui, oui, 20 places dans un petit pick-up, pas un gros pick-up américain de chez nous. Se rajoutent des gens qui se tiennent en arrière debout... Il y avait une dame de 85 ans qui s’accotait légèrement sur moi, elle n’avait même pas l’air d’un peu se plaindre.
La vérité du Myanmar, elle se capture aussi à travers un paysage pur, authentique, qui vit par lui-même. On y voit de longs étendues vierges parsemés de villes où poussent des temples. La chaleur écrasante nous oblige à prendre conscience du soleil, un soleil presque divin, je le jure sur la tête de Dieu. Ici, le soleil nous lève a 5h. J’ai l’impression de me retrouver dans un film de Terrence Malick. Comme quoi la réalité peut dépasser la fiction. D’ailleurs, on a fait un trekking de trois jours dans des endroits qui ne se foulent qu’à pied. Je n’ai jamais vu de paysages aussi grandioses et variés. En une soixantaine de km, on a vu de l‘eau, des déserts rouges, des montagnes escarpés, des vallées luxuriantes. On a eu l’impression de visiter huit pays différents.
Le Myanmar, c’est ne pas s’étonner de voir des enfants travailler, comme si c’était leur devoir familial. C’est aussi le devoir, pour une femme, de se couvrir les épaules et les jambes alors qu’il fait 40 degrés. Cette pudeur est étrange à saisir…on a vu des mères allaiter en pleine rue devant les hommes, en déballant littéralement leurs attributs. Ma conscience occidentale a de la difficulté à mesurer l’étendue de tout ça, surtout que les hommes ne se gênent pas pour se promener torse nu et pour remonter leur pagne bien en haut des cuisses.
Comment un peuple gouverné par des militaires peut avoir l’air si saint et heureux? Voilà une question riche en choses cachées. Comme vous avez pu constater , le pays pose un premier pied dans notre si chère démocratie avec leur nouvelle députée Aug San Suu Kyi. Je peux vous certifier qu’ils l’assument en pleine rue, qu’ils n’ont guerre l’air d’avoir peur de le faire. Des Birmans portent des chandails à son éffigie, les chauffeurs de taxi affichent sa photo dans leur vieu bazou. ( pas le droit d’acheter un char neuf ici, ce qui donne un petit air de Havane). Il n’est pas rare de croiser son visage.
Les droits de l’homme ne demeurent pas les mêmes ici, mais comme je vous disais, ces persécutions semblent assez étouffées et cachées, probablement encore plus pour un oeil extérieur. Je sais entre autre qu’il y a beaucoup de prisonniers politique qui sont utilisés dans la construction de projets. Ça se note aussi dans des trucs simples. Par exemple, il m’était impossible de publier sur le blogue à partir d’ici. J’ai failli faire affaire avec mon ambassadeur birman au Québec.
Le Myanamr, c’est un voyage immersif. C’est certainement ce qui m’a le plus marquée, et j’avoue que le trekking que nous avons fait en montagne m’apparaît déjà comme un espèce de rêve flou où j’ai délirée…ça ne pouvait pas être aussi beau. Je n’oublierai jamais les gens que nous avons côtoyés, surtout notre guide Phung Cho et mon si cher U San Win, qui m’a littéralement sauvé à travers une histoire que je ne raconterai pas maintenant...trop éprouvant! Une autre fois.